SOULTZEREN, L'ÉCOLE DE LA GUERRE
N°3 / L'exode

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Le village de Soultzeren fut plongé dans l'absurdité de la guerre un matin de 1914.
Dans le cadre d'une résidence de création et de médiation en milieu scolaire, je
raconte l'histoire de ce village de fond de vallée avec les enfants de son école.
Ma newsletter distille le projet en 4 étapes et vous en présente le texte accompagné de fragments esquissés, croquis préparatoires, documents d’époque. Vous aurez les images définitives, bien sûr, plus tard…
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Mais les relations avec les soldats français étaient souvent bonnes, à part le problème de la langue. Peu à peu, un souci important est apparu, celui du ravitaillement. Le sel qui nous sert à saler le fromage est devenu vite introuvable.
En janvier 1915, les combats ont pris de l'intensité, les bombardements devenaient quotidiens. En février, un obus a explosé devant l'église ; puis un autre a détruit le toit de notre si belle école. On se terrait dans les caves. Tout n'était plus que feu et destruction.
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La vie à Soultzeren était désormais impossible, et en mars il a été décidé de quitter le village. Monsieur Kempf a obtenu qu'on puisse étaler l'évacuation sur 3 mois, pour emmener le bétail, plus lent et compliqué à déplacer. Nous avons donc quitté nos fermes et nos maisons, et pris la route vers les Vosges, une nuit, dans la neige et le froid, emportant le peu qu'on pouvait prendre.
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À Soultzeren, les combats faisaient rage. Le clocher de l'église était détruit, l'église tout entière devait être incendiée au mois d'août. L'école était en ruines.
– L'école ? Mais alors... Où sont allés les enfants pour étudier ?
– C'était la guerre, petit. Il n'était plus question d’aller en classe mais de rester vivant. Soultzeren a été vidé de ses habitants.
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Confirmands 1915 au Val d'Ajol
– Ils se sont retrouvés pour la plupart au Val d'Ajol, dans les Vosges, et la vie s'est réorganisée là-bas, tant bien que mal. Les réfugiés trouvaient du travail dans les usines textiles, la brasserie, les hôtels de Plombières ou chez les paysans. Les enfants ont reçu un enseignement à l'école du Val d'Ajol et pu ainsi obtenir leur certificat d'études. Il y eut des confirmations. On s'inquiétait pour ceux qui se battaient, pour le village, nos maisons, mais on ne recevait pas beaucoup de nouvelles rassurantes.

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